Les entreprises sont-elles et font-elles encore Société ?

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Cet article se pose comme un complément pour répondre de manière plus développée (mais néanmoins synthétique) aux enjeux de notre question-projet : "l'entreprise, Institution porteuse de Civilisation ?" (à retrouver ici)

 

Si les entreprises ne portent pas, dès aujourd'hui, cette dynamique (de "l'entreprise, Institution porteuse de Civilisation?"), alors les portes seront (encore plus) ouvertes au NIHILISME, au TRIBALISME et, en dernière instance, au CHAOS et à la barbarie.

 

Il ne s'agit pas de faire du catastrophisme, mais de poser les éléments tels qu'ils apparaissent et d'en tirer les conclusions qui s'imposent (et non ce que nous espérons).

 

 

PARRHESIA et la question

Cette question-projet de "l'entreprise, Institution porteuse de Civilisation ?"  a été posée dès la création et la fondation de Parrhèsia (cf. Parrhèsia, un projet de culture et de pragmatisme au sein des entreprises), puisque nous avons fait le pari (mille fois validé par le réel depuis 2002) que les entreprises étaient, non pas un lieu de philosophie, mais un lieu au sein duquel se posait des questionnements et des problèmes philosophiques (par exemple : sur quoi et comment fonder l'autorité? Qu'est-ce que manager une équipe et comment le faire? Qu'est-ce que (et comment) transmettre une culture d'entreprise (avec quelle légitimité)? Comment créer de la cohésion entre personnes différentes? Comment donner du sens au travail quotidien? Etc…)

 

 

Pourquoi et qu'est-ce qu'une QUESTION-PROJET?

Une question-projet (notamment comme de "L'entreprise, Institution porteuse de Civilisation?") est une VISÉE, c'est-à-dire un réel PROJET à mettre en œuvre; cela signifie qu'il n'est pas un rêve illusoire, une fantasmagorie, mais une possibilité qui se construit pas à pas, jour après jour. Mais c'est une question, car elle relève et révèle un véritable DÉFI. Tout d'abord de ne pas balayer la question d'un revers de la main en s'exclamant "nous avons autre chose à faire que de la métaphysique en entreprise en ce moment!". C'est vrai, totalement vrai; or, précisément, cette question-projet est on ne peut plus CONCRÈTE pour TOUS LES ACTEURS DE L'ENTREPRISE (dirigeants, managers de tous niveaux, salariés, partenaires sociaux, etc…). DÉFI ceci étant, car les réponses possibles à cette question-projet n'ont rien d'évident, et obligent non seulement à penser différemment, mais à agir globalement différemment de l'ordinaire. DÉFI majeur, enfin car il est nécessaire de sortir des schémas puérils pour réponde à cette question, et de se comporter en ADULTE RESPONSABLE.

 

 

LA CRISE SANITAIRE LIÉE À COVID-19 RÉVÉLATRICE

Elle a mis en évidence des révélations magnifiques : des SOLIDARITÉS incroyables entre personnes qui se connaissaient ou non, une réelle CRÉATIVITÉ pour se défaire de situations difficiles voire qui apparaissaient comme inextricables, capacités de COHÉSION remarquables, DÉBROUILLARDISE du quotidien pour fonctionner en situation de crise, des INITIATIVES venues de toutes parts, un SOUCI non seulement de ses proches, mais aussi des autres personnes, etc…

 

 

POST COVID-19 : ANIMAL TRISTE ET EN COLÈRE

Nombreux sont les professionnels prospérant dans la sphère ouatée de la prospective à nous avoir prédit à grands renforts de tambours médiatiques que le nouveau "nouveau monde" qui allait s'ouvrir serait "le chemin vers un Paradis Commun et de Béatitude". On ne refait pas le système médiatique et ses apôtres sous positivisme absolu… Mais, celles et ceux qui avaient les yeux encore ouverts, l'esprit alerte et la capacité de verbaliser encore intacte ne partageaient pas nécessairement cette apologie du positivisme progressiste (qui a montré depuis longtemps ses limites et ses errances).

Or, force est de constater que la parenthèse Covid-19 n'a pas clos les mouvements de colères et de fragmentations qui sont à l'œuvre dans la société française : Gilets Jaunes (depuis novembre 2018), conflits sociaux de décembre 2019 et janvier 2020, radicalisation des mouvements de contestation (des vegans aux racistes en passant par les racialistes, les dérives communautaires et les revendications radicales tous azimuts). Ces mouvements de colère ont même eu tendance à se radicaliser à la sortie du confinement; et chacun, observateur du réel, peut sentir que le moindre prétexte est utilisé pour basculer dans les revendications les plus folles et farfelues mais aussi dans la violence la plus débridée.

 

 

LES ENTREPRISES SONT-ELLES ENCORE DANS LA SOCIÉTÉ ?

La question peut paraître une pure provocation; elle se pose (hélas) de manière triviale aujourd'hui… les entreprises continuent à faire "comme si" tout ce qui se passe à l'extérieur n'entrait pas à l'intérieur. Elles continuent, comme si de rien n'était à faire comme si leurs démarches, le plus souvent à visée marketing et de communication (RSE, QVT, Valeurs, Éthique,  RPS, Bienveillance managériale, etc…) allaient continuer à duper les acteurs qui les vivent, les subissent et, souvent en voient non seulement les limites, mais surtout les hypocrisies…

 

 

LES ENTREPRISE FONT-ELLES ENCORE SOCIÉTÉ ?

Qu'est-ce qui fait qu'une entreprise fait corps?

Que les salariés sont un collectif et pas seulement un tas d'individus posés (au mieux) les uns à côté des autres (et dans le pire des cas) les uns contre les autres?

Les entreprises ont-elles encore la possibilité de créer et de faire vivre une réelle cohésion?

Les entreprises ont-elle encore envie… de créer et de faire vivre une réelle cohésion?

 

 

LES QUESTIONS SONT INNOMBRABLES

Et les doutes aussi… qui envahissent les managers, les dirigeants et les salariés que nous rencontrons au quotidien lors de nos interventions…

Le confinement a conduit de nombreuses personnes à s'interroger sur leurs modes d'existence… le temps d'arrêt a pu mettre en évidence et à la lumière tout ce qui est sans cesse reporté dans la "folie du rythme quotidien"; les changements en cours sont déjà nombreux, et ils le seront encore plus à la rentrée. Mais l'arrêt du confinement a aussi, visiblement, renforcé les rancœurs, les colères, voire les haines. Je resterai sur le monde de l'entreprise, ici, mais la vie sociétale émet des signes… guère encourageants… Au sein des entreprises, la bienveillance commence à s'estomper, les tensions réapparaissent, quelques jalousies également ainsi que cette obsession de l'égalitarisme qui conduit à regarder chez son voisin pour trouver ce que l'on n'a pas et perdre de vue ce que l'on a…

 

C'est dans ce contexte, que la question-projet "L'entreprise, Institution porteuse de Civilisation?" qui était déjà une urgence avant covid-19 devient… une nécessité! Ne soyons pas naïfs… Poser sérieusement la question-projet serait déjà un exploit; avancer dans une mise en œuvre réelle et partagée relèverait… du miracle?.. Mais, après tout, ne sommes-nous pas, au sein de Parrhèsia, les Tentateurs qui n'ont jamais reculé devant ce qui paraissait "impossible"?...

 

Pour en savoir plus et découvrir la question-projet "L'entreprise, Institution porteuse de Civilisation?", cliquez sur le lien.

 

Sophie Girard & Jean-Olivier Allègre

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management

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