Le consultant 4.0 que je suis, vient du Vème siècle AVJC

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Dernièrement, à la lecture d'un article que j'ai trouvé très pertinent lu sur le site Slate.fr et intitulé "vos enfants ont mieux à faire qu'apprendre à coder", rédigé par un développeur (https://www.slate.fr/story/171660/education-apprendre-code-developpement-informatique-enfants-inutile), j'ai pris conscience que mon éducation, mon mode de pensée et de vivre totalement décalés qui prennent leurs racines dans les arcanes de la pensée Grecques (600 AVJC), ainsi que dans la pensée Taoïste (1000 à 500 AVJC) ou chez Nietzsche et Heidegger (entre autre) me plaçait, en fait, dans une sorte d'effet rétroactif, dans la configuration du consultant 4.0

Quelques explications s'imposent, non ?

L'opinion courante consiste à dire que "la philosophie ne sert à rien".

Je ne lancerai pas un débat à ce sujet, tant, généralement, personne n'a vraiment défini (et donc sait de quoi il parle quand il dit "philosophie" et "sert").

Faisons donc le pari initial que ce qui est couramment appelé "philosophie" ne sert à rien (pour la plupart des personnes). Ceci n'empêche pas de faire part de mon expérience de la pratique de la pensée et de ce que la philosophie m'a apporté en tant qu'être humain, et que j'utilise à présent dans ma pratique de consultant en management.

Si je ne devais retenir qu'un apport essentiel et fondateur de mon éducation philosophique ce serait celui-ci :

SAVOIR POSER LES (BONNES) QUESTIONS (c'est-à-dire pertinentes par rapport aux personnes et au contexte), et surtout SAVOIR PASSER DE LA QUESTION AU PROBLÈME (c'est-à-dire de quoi parle t-on dans la question, quel est le problème de la question) avant d'élaborer des RÉPONSES.

Cette formation (poser les questions pertinentes de la bonne manière et identifier le problème de la question) et cette capacité sont présentes dans toutes les projections des "compétences clefs des métiers du futur".

Autrement dit, et alors même qu'elles sont (très souvent et très fortement) décriées, les formations philosophiques apportent DE FAIT et par TRADITION les compétences nécessaires non seulement hier et aujourd'hui, mais plus encore demain…

Si nombre d'entreprises, de managers et de dirigeants font appel à nos services, ce n'est pas parce qu'ils bloquent sur des problèmes de pure technique (pour lesquels je suis totalement inutile), mais pour toutes ces questions et problèmes qui se posent et dont ils ne savent pas bien par quel bout les prendre. Nulle question "d'intelligence" ici. Je travaille très souvent avec des personnes (quel que soit leur rang hiérarchique) qui sont déjà intelligentes (voire souvent bien plus intelligentes que moi). Il s'agit d'une question d'approche (pas seulement de méthode) et de capacité, précisément à formuler les bonnes questions de la bonne manière et de constater puis analyser quels sont les problèmes contenus dans ces questions.

Ici se pose la question de la complexité, que nous travaillons depuis plus de 15 ans pour la rendre accessible et se donner des dimensions pragmatiques (ce qui est loin d'être évident). Penser et appréhender le mouvant, l'instable, le non maîtrisable relève d'un véritable défi majeur tant pour notre intelligence que pour notre humanité. Mais ici n'est pas le débat.

Ce qui est essentiel, c'est que l'approche de la pensée et de la philosophie nous ont permis non seulement d'être au cœur de tout ce qui se joue aujourd'hui au sein des entreprises, des organisations, du management, des évolutions sociales et relationnelles, mais qu'elles nous ont également permis, dans notre micro agence de conseil en management, de développer des éléments de compréhension et d'actions dans les univers MICs™ (en Mutations, Incertains, Complexes).

Le temps des réponses aux problèmes et questions est également important et décisif.

Je reste très modeste face aux nombreuses et complexes questions et problèmes qui nous sont proposés. Je sais d'expérience que certaines questions et certains problèmes trouveront des réponses (plus ou moins rapidement, et pas forcément celles qui étaient attendues). Mais j'ai expérimenté également que nombre de réponses génèrent (à plus ou moins long terme) de nouvelles interrogations. C'est en cela que notre pratique autour des réponses n'est pas de la "résolution" de problème mécanique. La résolution supposerait la dissolution totale et définitive des questions et problèmes; ce qui, dans le cas du management en entreprise, n'est jamais le cas, chaque action générant de multiples conséquences (plus ou moins prévisibles).

Enfin, et ce n'est pas le plus facile dans le milieu des entreprises, le cas où les questions et problèmes ne trouvent pas de réponses… L'aporie, si elle est acceptée en philosophie ou dans l'exercice de la pensée semble encore inacceptable (quand bien même elle existe) dans le milieu des entreprises. Une certaine naïveté voudrait nous faire croire que toute question et tout problème possède de fait une réponse… Ici l'idéologie et le déni prennent le pas sur le réel et il faut beaucoup de patience et de diplomatie pour faire accepter certaines réalités…

Il va de soi que si cette logique d'articuler Questions | Problèmes | Réponses n'est pas la seule dimension permettant de lancer des actions performantes et pertinentes.

Sans entrer plus dans le détail, cette capacité fondamentale est complété par la CURIOSITÉ, cette capacité de chercher et de trouver, de se perdre (parfois) mais de s'enrichir lorsque l'on sait où est notre centre de gravité personnel; c'est-à-dire à la fois une capacité à se disperser et à revenir en son centre essentiel.

Au-delà, la curiosité est également une école de l'apprentissage de la non recherche d'une UTILITÉ IMMÉDIATE. La curiosité, c'est laisser le temps à ce que nous avons appris, appréhender, mais aussi à tout ce qui nous échappe ou nous a échappé, à suivre son chemin en nous, à infuser. Je parlerais bien ici de "temps de méditation", si, là encore, la méditation n'était pas réduite à cette mode actuelle et à une pratique (très) limitée et limitante. Le temps de la méditation n'est pas un "temps de méditation", c'est-à-dire un temps spécifique dans lequel je prends le temps d'avoir le temps de méditer; où, d'une certaine manière, je sors de l'existence "normale et trépidante" pour me poser dans un lieu et un moment spécifique. Non. La méditation en tant qu'infusion de nos pensées se fait chaque jour, chaque heure, chaque minute dans nos activités quotidiennes quelles qu'elles soient. C'est ainsi qu'en tant qu'être humain nous avons une (petite) chance de nous construire dans notre humanité.

Et, finalement, la philosophie et l'exercice de la pensée n'ont toujours été, pour moi, que cela : tenter de devenir, jour après jour et quelles que soient les circonstances, un peu plus humain que la veille…

 

Jean-Olivier ALLEGRE

P.S : Mercis éternels à mon père qui m'a donné à la fois la possibilité d'une éducation académique et m'a enseigné, en autodidacte qu'il est, la Grande Curiosité.

P.S : Merci à Monsieur Gérard Crut, mon professeur de philosophie de Terminale qui a changé le cours de ma vie

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