Le temps des irresponsables ?
En 1998, Alain Etchegoyen écrivait un ouvrage intitulé « Le temps des responsables ».
Depuis les années 2000, le marketing management met en avant les notions de « responsable », de « responsabilités ».
Il est intéressant (ou affolant) c’est selon, d’observer les éléments actuels des « responsables » médiatisés pour prendre la mesure de l’ampleur du décalage stratosphérique entre les déclarations d’intention et les actes. Comme nous le savons, les mots comptent peu et les actes parlent.
Si on parlait sport??..
Oui, je sais c’est facile, trop facile! Enfin, non pas si facile… Les joueurs de l’équipe de France de football sont jugés, par plus de 80% des personnes interrogées comme « individualistes et irrespectueux » (je vous passe le « trop payés »). Et pour illustrer que l’on se trompe sur leur compte, Patrice Evra (ex capitaine de l’équipe de France, notamment au moment de la célébrissime « grève ») se défoule ce week-end contre 4 commentateurs qu’il juge digne de son plus profond mépris…
Pourquoi parler football? Juste parce que (je n’en suis pas plus ravi que cela!) ces « jeunes gens » servent de modèles à nombre d’enfants aujourd’hui. Vous me direz que l’on a les modèles que l’on mérite, et c’est vrai. Mais force est de constater que les exemples sont légions de dérapages de ces « modèles », parfois dans l’injure, mais le plus souvent dans le mépris de ceux qui ne gagnent pas autant qu’eux. D’autant plus que, même s’ils sont très bien rémunérés, leur vie est difficile, et les critiques les blessent…
Il ne s’agit pas ici de s’interroger sur le pourquoi du comment de la chose. Mais parlons responsabilité… Plus ils dérapent et? et… rien justement… Il est assez stupéfiant de remarquer que les « adultes » censés les encadrer restent muets et surtout impuissant (c’est-à-dire sans acte, sans réponse).
Il est donc édifiant de noter qu’en ce domaine, l’irresponsabilité totale n’est jamais recadrée…
Parlons « people », alors???
Ici encore, trop facile! Les « nouvelles célébrités » se distinguent par une réelle absence de savoir-vivre et une grossièreté revendiquée. elle semble même faire partie de la panoplie du « people » actuel. Ainsi, la célèbre Nabila (qui a acquis ses lettres de noblesse grâce à une poitrine synthétique et une réplique de standardiste) promène t-elle sa bêtise crasse de plateaux de télévision et émission de télé-réalité. Il est fort injuste de s’en prendre uniquement à Nabila, tant le nombre de décérébrés ayant envahi les écrans de télévision et les journaux a connu une inflation galopante.
Vous me direz encore, à quoi bon s’attardez sur ces « people »? Et je vous répondrai, une fois encore: « parce que ces people sont des modèles pour les enfants et adolescents d’aujourd’hui. Et que montre t-il? Que l’irresponsabilité totale conduit à la célébrité (vous aurez remarqué que j’ai rien dit de Mickaël Youn ou d’Arthur et leur humour d’une profondeur insondable)
Soyons sérieux! Parlons des responsables politiques! De dirigeants de pays puissants!
Vous avez raison, la responsabilité est incarnée par les dirigeants politiques. Gage de sérieux et de rigueur.
Mais, honnêtement, de Berlusconi à Poutine, en passant par Obama et Boehner, nous nageons dans un océan de maturité et de responsabilité non? Berlusconi qui fait démissionner ses parlementaires parce qu’il est vexé une mise en examen (ce qui va coûter, instantanément +5% de taux d’intérêt aux emprunts italiens). Poutine qui a une notion toute personnelle de la liberté individuelle… Obama et Boehner qui jouent un rapport de force qui a coûté 24 Milliards de dollars…
C’est certain… Les responsables politiques sont des modèles… Et je n’ai pas parlé des politiciens français…
Soyons vraiment sérieux maintenant! Parlons des entreprises et des dirigeants d’entreprise!
Vous l’avez voulu, non?.. Entre Arnaud Lagardère qui joue les romances pré adolescentes à un point tel que les administrateurs du groupe ont eu la peur de leur vie (mais qui pilote le groupe????) et les démontages sauvages d’entreprise le week-end, vous avouerez que là aussi… Il y a de beaux modèles…
Mais que fait-on alors?
La première chose est d’essayer de comprendre…
la clef, ou en tout cas, le point commun de toutes ces spectacles immatures, ce sont les médias. Plus précisément le fait qu’ils sont médiatisés, autrement dit qu’ils bénéficient d’une caisse de résonance absolument inouïe. Et ici, les médias sont très contradictoires, car ils font à la fois passer des messages appelant à la maturité, au devoir, au sérieux, à la rigueur, etc… Et, dans le même temps (ou juste après) ils nous envoient des heures de programmes certifiés 0% Matière Grise.
Si vous reprenez la liste (non exhaustive, loin de là!) de nos exemples, vous verrez que, s’il n’y avait pas cette caisse de résonance monstrueuse que sont les médias (à laquelle se sont rajoutés, aujourd’hui, les réseaux sociaux), eh bien… toutes ces peccadilles immatures, infantiles trouveraient le même écho que le cri du chameau dans le désert….
La seconde chose est de poser des actes individuels
Bien sûr, il n’est pas « super fun » ou « top délire » d’être responsable et d’essayer de transmettre la notion de responsabilité à ceux qui nous entourent.
Mais, chacun de nous, à son niveau, manager ou salarié peut jouer la pratique de la responsabilité en se rappelant qu’elle est formée de 3 moments qui font de nous des êtres humains adultes, et non des enfants immatures. La responsabilité, c’est:
1. Un état: revendiquer ses intentions dans les actes qui en ont découlé.
2. Une capacité: se positionner comme quelqu’un qui désire répondre de ses actes et de leurs conséquences.
3. Une obligation, c’est-à-dire comme la résultante d’un engagement qui a été pris dans le passé et qu’il faut honorer dans le présent et le futur.
Assez paradoxalement, il est possible d’être à la fois responsable et léger… Il faut juste oser avoir le courage de la responsabilité… Autrement dit être capable de se poser en acteur adulte devant les jeux destructeurs auxquels se livrent (parfois) des personnes immatures… Rien d’inéluctable, même si le chemin est long; difficile et éprouvant.
Jean-Olivier ALLEGRE & Sophie GIRARD
Manager ? C'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas !
Lacan s'était exclamé : " Aimer ? C'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas ! " Question (im)pertinente qui se pose dans le management ?
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